Le projet est né d'une image trouvée dans un livre sur la poterie traditionnelle en France, un mur constitué de pots maçonnés. J'y ai reconnu les saloirs normands souvent présents sur le marché aux puces du Clos Saint-Marc. Saloirs probablement mis au rebut, recyclés en parpaings pour construire un nouveau mur d'atelier. En parallèle, j'ai découvert lors d'une exposition différentes claustras réalisées par des céramistes dans les années 70, notamment ceux de Digan. Rapidement, j'ai effectué des recherches allant dans ce sens : tourner une série de pots destinés à constituer une paroi close, tourner une série d'éléments creux en vue de réaliser une paroi ajourée. L'évidence de s'orienter vers des moyens mécanisés pour fabriquer de tels éléments est apparue.

Fabriquer ces modules était une façon de comprendre et de me réapproprier une histoire devenue patrimoine, monument ou encore sanctuaire. Concevoir ces modules était comprendre comment fonctionne une filière et en fabriquer la sortie. Rechercher une forme à la croisée du matériau de construction, de l'élément décoratif et de la sculpture minimaliste. Cuire au bois, était vivre de l'intérieur une organisation à laquelle je participe parfois afin d'aider les collègues et amis à cuire leurs pièces. C'était aussi comprendre comment cuire cette terre à 1200° en oxydation dans ce four que l'on cuit souvent plus chaud et en atmosphère réductrice. Toujours la joie de se réunir autour d'un feu les jours et les nuits durant.

Vint le défournement. Sous la pluie. Au fur et à mesure que les éléments sortaient du four, une image apparaissait dans le champ attenant au centre. Une image puissante, à la mesure de l'intensité que nous avions vécu les précédentes semaines.